Les propositions 53 à 55 portent sur le rapport de l’esprit à sa propre puissance d’agir, qui le porte spontanément à jouir de la contemplation de sa propre puissance.
Les propositions 56 et 57 permettent d’introduire un double principe de diversification des affects, sur le plan des objets et sur le plan des agents : l’amour de A pour B diffère de l’amour de A pour C et de l’amour de D pour B.
Alors que l’essentiel du De Affectibus a été de fait consacré aux affects passifs ou « passions », les deux dernières propositions du livre établissent la possibilité d’affects actifs, décisive dans le cadre du projet de libération éthique.
Prop 53 : Quand l’Esprit se contemple lui-même, ainsi que sa puissance d’agir, il est joyeux, et d’autant plus qu’il s’imagine plus distinctement, ainsi que sa puissance d’agir.
demonstratio par 2, prop 19 | 2, prop 23 | 3, prop 11, sc
Les prop 53, 54 et 55 doivent être lues ensemble : l’esprit à l’égard de sa propre puissance d’agir.
Essentiel souci de soi : « l’âme reste préoccupée au premier chef par ce qui se rapporte à elle-même, à l’expansion de sa propre puissance : et cet intérêt fondamental, qui ne la quitte jamais, e retrouve à l’arrière plan de tous ses autres intérêts particuliers qui tendent à le servir. » (Macherey, 331).
Tout ce qui concourt à lui faire imaginer sa propre puissance d’agir la ravit et l’exalte ; et ce d’autant plus que cette imagination est « distincte » non au sens de l’adéquation mais au sens d’une forme d’élection et de singularisation de sa valeur propre (comme le précisera le scolie, en faisant référence à la prop. 52).
Nous sommes heureux de constater que nous sommes capables de faire ceci ou cela : la conscience de nos actes, et surtout si ceux-ci sont imaginés par nous comme singuliers ou hors du commun, nous remplit de joie et d’autosatisfaction.
L’esprit est donc en revanche d’autant moins joyeux qu’il imagine moins distinctement sa propre puissance d’agir, ce que prolongera la prop. 55.
Démonstration
Se contempler soi-même n’est jamais qu’avoir conscience de soi à travers les affections du corps et de leurs idées (de manière indirecte). Cette représentation se faisant selon l’ordre commun des rencontres occasionnelles de son corps avec les autres corps ne peut donc être qu’imaginaire.
Quand l’esprit peut se contempler ainsi lui-même, il passe par là même à une plus grande perfection, par « supposition », et en est donc joyeux. Macherey interprète cette idée de supposition dans le sens de la supposition imaginaire par l’âme de sa plus grande perfection.
Corollaire
Cette joie est augmentée par la joie née de la « gloire » (fierté, gloria), c’est-à-dire le contentement de soi.
Macherey : « C’est donc en fait par l’intermédiaire d’autrui, et des marques de considération qu’il est censé m’adresser, que se forme et se renforce en moi la conscience joyeuse de mon être telle qu’elle est issue du jeu normal de l’affectivité. (…) Autrement dit, nous nous estimons à travers l’estime des autres » (334-335).
Souligne davantage encore le caractère « artificiel » car imaginaire de ce rapport autosatisfait à soi.
Cependant, les « affects actifs » (joie et désir), qui seront l’objet des prop 58 et 59, trouveront leur point d’appui sur cette joie tirée de la considération de notre propre puissance : mais dans le sens où il s’agira alors de la « concevoir » adéquatement, et non pas, comme ici, à travers le prisme déformant de l’imagination mimétique (affects passifs ou passions). De même, plus loin, la démonstration de la prop 15 du De Libertate s’appuiera sur Eth 3, 53 : « Qui se connaît lui-même et connaît ses affections clairement et distinctement, est joyeux ».
Macherey : « Il n’y a nulle fatalité dans le fait de se laisser enfermer dans le piège d’une conscience de soi imaginaire, fondamentalement mimétique, qui rattache un sentiment de joie bien réel à des mirages sans contenu objectif : mais il est parfaitement possible, dans certaines conditions, qui ne peuvent être celles du fonctionnement spontané de l’âme, que ce sentiment joyeux se développe, et ceci de plus en plus, en rapport avec la formation d’idées adéquates, qui ramènent l’âme à une plus juste compréhension des choses et de ce qu’elle est. C’est précisément ce processus qui sera décrit dans la cinquième partie de l’Ethique. » (336)
Prop 54 : L’Esprit s’efforce de n’imaginer que ce qui pose sa puissance d’agir.
Traduit la proposition précédente en termes d’effort : en raison de 3, 53 l’esprit fait effort dans un sens exclusif, celui de sa propre affirmation imaginaire.
L’esprit se préoccupe seulement de ce qui va dans le sens de sa propre affirmation : perspective fondamentalement intéressée du conatus.
Il ne peut donc y avoir aucun effort positif de l’esprit pour imaginer son impuissance, imagination qui peut cependant se produire et dont découle pour lui une tristesse spécifique – l’humilité -, comme le démontrera la proposition suivante.
Démonstration
Repose uniquement sur la prop 7, celle du conatus ; identification essence de l’esprit = puissance d’agir de l’esprit.
Poser sa puissance d’agir, c’est donc affirmer son essence.
Démonstration par l’absurde : l’esprit ne peut pas s’efforcer d’imaginer ce qui le nie, ce qui nie son essence, donc il doit s’efforcer de n’imaginer que ce qui le pose.
Prop 55 : Quand l’esprit imagine son impuissance, par là même il est triste.
demonstratio par 3, prop 54 | 3, prop 11, sc
Prolonge les deux propositions précédentes, a contrario : inversement, l’âme répugne à considérer son impuissance et s’en attriste, dans la mesure où cette représentation contrarie frontalement sa tendance fondamentale à imaginer joyeusement sa propre puissance, que viennent d’établir les prop 53 et 54.
Une telle imagination de notre propre impuissance peut donc se produire, malgré la leçon des prop. 53 et 54 : mais elle ne peut alors s’expliquer que par l’intervention de causes extérieures à la nature de l’âme, comme le précisera le corollaire suivant (blâme d’autrui).
Macherey : « Rien dans l’âme ne peut la porter à se déprécier soi-même ; et, lorsque cela se produit, elle ne peut que le déplorer. » (338).
Déduction de ce qui sera appelé par le scolie « humilité » (humilitas).
Démonstration
Imaginer son impuissance n’est rien d’autre que voir contrarié l’effort pour imaginer sa puissance : cette contrariété est cause de tristesse.
Corollaire
Corollaire et démonstration parallèles à ceux de la prop. 53.
Tristesse augmentée par la tristesse née du blâme, de même que la joie à l’égard de soi-même l’était par celle née de la louange d’autrui (autosatisfaction et humilité ont donc la même racine).
Scolie
Scolie commun aux propositions 53 à 55.
Nomme les affects correspondants : « sentiment d’abaissement » (Macherey) ou « humilité » (déf. 26 des affects) et « amour de soi » (Macherey) ou « amour-propre » (philautia) ou encore « assurance en soi-même » (Macherey) ou « contentement de soi » (Appuhn) ou « satisfaction de soi-même » (acquiescentia in se, cf. déf. 25 des affects)
Quant à ses deux affects, faut souligner la distance de Spinoza à l’égard de la morale classique et particulièrement chrétienne : l’humilité est généralement considérée comme une vertu – elle est ici une passion triste, qu’il faut écarter ; l’amour-propre est généralement considéré comme un vice – il est ici une passion joyeuse, dont il pourra être fait quelque chose.
Mais l’amour-propre et le contentement de soi, dans la mesure où ils obéissent d’abord à la logique affective imaginaire portent naturellement les hommes à la prétention, à la rivalité, à l’envie, au conflit, etc. Nous jouissons d’autant plus de notre sentiment de puissance et de perfection que nous nous imaginons meilleurs que nos semblables, que nous nous distinguons d’eux.
Rien de plus jouissif que de contempler en soi-même ce que l’on « nie de tous les autres ». Inversement, rien de plus attristant, rien de plus « humiliant » que de voir briller chez les autres des qualités dont on s’estime soi-même dépourvu.
Cette tendance naturelle au conflit – issue des effets conjugués du conatus et du mimétisme affectif – est encore accentuée par l’éducation, dans la mesure où celle-ci les exacerbe.
Corollaire du scolie et scolie du corollaire
Une vénération ou respect sans envie est cependant possible, et même fréquente (non raro) : mais seulement à l’égard des « non égaux », c’est-à-dire lorsque le mécanisme du mimétisme affectif joue moins ou ne joue plus du tout. Nous n’entrons en rivalité mimétique avec autrui que sur un terrain commun.
Les hommes n’envient pas les qualités des arbres ou de lions (sauf s’ils les imaginent semblables à eux).
Prop. 56 : De la Joie, de la Tristesse et du Désir, et par conséquent de tout affect qui en est composé, comme le flottement de l’âme, ou bien qui en dérive, à savoir l’Amour, la Haine, l’Espérance, la Crainte, etc., il y a autant d’espèces qu’il y a d’espèces d’objets qui nous affectent.
demonstratio par 3, prop 11, sc | 3, prop 1 | 3, prop 3 | 2, prop 40, sc 1 | 2, prop 17 | 2, prop 17, sc | 3, prop 9, sc
Nouveau principe de diversification/singularisation des affects par les objets et leurs espèces : une infinité d’espèces d’affects, donc, étant donné l’infinité d’objets possibles. « Extrêmement nombreuses » dira le scolie.
La proposition suivante établira un dernier principe de diversification, par les agents désirants, après la prop. 51, qui avait déjà introduit une telle forme de diversification.
La géométrie des affects, dont les lois générales sont simples et peu nombreuses, suffit à produire néanmoins toute les variétés possibles d’affects, telles qu’on les rencontre empiriquement.
Démonstration
Assez complexe.
Commence par revenir sur la caractérisation de ces trois affects comme « passions », c’est-à-dire naissant des seules idées inadéquates, sous le régime de l’imagination. Cette restriction prépare aussi, a contrario, les prop. 58 et 59 qui établiront « la révélation finale » (Macherey, 345, n. 1) des affects actifs.
Sous ce régime affectif, les affects expriment à la fois, confusément, la nature du corps affecté et du corps affectant.
Donc, la nature de tout affect passif dépend de son objet particulier.
Le désir n’étant que la nature de chacun en tant qu’on la considère comme déterminée à faire quelque chose dans tel ou tel état affectif – une « compulsion à agir », Macherey, 346), la nature de chaque désir dépend aussi de l’objet particulier de son affect.
Scolie
Dégage quelques unes des formes les plus remarquables et les plus connues de cette variété affective, reprises dans les définitions 44 à 48 des affects.
Ajoute « immodéré ».
Ces affects n’ont pas de contraire, en tant qu’ils sont « immodérés » : ce que l’on prend pour leurs contraires ne sont pas des affects, mais désignent des actions de l’âme qui par là les maîtrise. L’explication qui suit la définition 48 reviendra sur ce point.
Pas « nécessaire » de spécifier les affects dans toute leur diversité infinie : le but n’étant pas d’en établir la liste, ni de les décrire, mais d’en comprendre les mécanismes généraux dans le but éthique de déterminer le pouvoir de l’âme sur eux. Alors que la morale traditionnelle se complait dans l’énumération d’une très grande quantité d’affects particuliers, Spinoza n’a pas besoin de le faire : il suffit d’avoir les définitions des affects principaux et leurs propriétés communes (inutile pour la science et pour la conduite).
Prop. 57 : N’importe quel affect de chaque individu discorde de l’affect d’un autre, autant que l’essence de l’un diffère de l’autre.
demonstratio par 2, prop 13, lem 3, ax 1 | 3, prop 9, sc | 3, prop 11 | 3, prop 11, sc
2e principe de diversification/singularisation des affects, selon les agents.
Utilisation de 2 verbes : discorder (discrepare) et différer. Discorder indique l’idée d’un potentiel conflit affectif.
Différer en nature/essence : différer du point de vue de son ingenium (inné + acquis).
Cela doit s’entendre aussi dans un sens restrictif : c’est seulement pour autant que l’essence d’un homme diffère de celle d’un autre que leurs affects discordent également ; ces variations individuelles s’opèrent de toute façon sur le fond commun de la géométrie affective générale, telle qu’elle a été déduite dans les propositions précédentes du De Affectibus.
Démonstration
Deux démonstrations : l’une, directement à partir de l’axiome 1 du lemme 3, déjà exploité par la démonstration de la prop. 51, qui pose la double détermination de toute affections d’un corps ; diversité des corps affectant et diversité des corps affectés ; l’autre, à partir de la définition des affects (le désir de chacun dépend de sa nature propre, et donc tous les autres affects aussi).
Scolie
Elargit la diversification par les agents au delà des différences entre hommes : diff. d’essences spécifiques (homme/animal) et diff. d’essences singulières.
Lubricité de cheval ≠ lubricité d’homme.
2e conséquence : la joie et la tristesse de chacun vont avoir une coloration propre.
3e point : diff. d’épanouissement (gaudium) malgré l’unicité du mécanisme.
Remarque finale, qui annonce le passage aux affects actifs.
Prop. 58 : Outre la Joie et le Désir qui sont des passions, il y a d’autres affects de Joie et de Désir, qui se rapportent à nous en tant que nous agissons.
demonstratio par 3, prop 53 | 2, prop 43 | 2, prop 40, sc 2 | 3, prop 1 | 3, prop 9 | 3, prop 9, sc
Coup de théâtre des propositions 58 et 59 (qui doivent être lues ensemble) : tout affect n’est pas passif, comme auraient pu le laisser penser les développements précédents, il y a des affects actifs.
Ce qui signifie aussi que les possibilités d’action ou d’activité authentique de l’âme, et partant sa « libération » éthique, ne sont pas à concevoir en opposition à ni même à l’extérieur de la vie affective.
Mais il n’y a pas d’affect actif appartenant à la lignée de la Tristesse (prop. 59) : seuls les affects de Joie et de Désir sont soient passifs, soient actifs.
Un affect « qui se rapporte à nous en tant que nous agissons », un affect actif renvoie à l’âme en tant qu’elle a des idées adéquates et non inadéquates, comme l’avait établi la première proposition du De Affectibus.
Autrement dit, lorsque l’âme forme en elle des idées adéquates, elle en éprouve une Joie active et non passive.
On a donc une double distinction parmi les affects :
– augmentent/diminuent la puissance d’agir : affects joyeux et tristes
– activité/passivité : affects passifs (passions) et affects actifs (actions)
Ces 2 distinctions ne se recouvrent pas et donnent 3 catégories :
– les passions tristes sont toujours passives
– les affects joyeux peuvent être passifs ou actifs
Problème éthique : passer des affects tristes aux affects joyeux, et des affects joyeux passifs aux affects joyeux actifs.
Démonstration
Commence par établir pour la Joie, puis pour le Désir.
Avoir une idée adéquate, c’est automatiquement le savoir (II, 43), donc se concevoir soi-même et sa puissance d’agir (se concevoir au sens fort – concipere : pas seulement se « considérer », comme dans la prop. 53), et par là être joyeux (III, 53). Or, l’âme humaine est capable de telles idées adéquates (II, 40, sc2).
Le Désir n’étant rien d’autre que l’effort de persévérer dans son être, et cet effort accompagnant aussi bien les idées inadéquates qu’adéquates, le Désir se rapporte à l’âme en tant qu’elle est active aussi bien que passive.
Moreau : parmi les preuves de la puissance d’agir, il y a la puissance de penser de manière adéquate : quand je résous un problème mathématique, par ex., j’exerce ma puissance d’agir d’une façon qui renvoie à mes propres lois (mon âme est « cause adéquate » de l’idée qu’elle a : cf. III, déf 2 et III, prop 1 demo).; je suis joyeux à propos de quelque chose qui ne dépend pas du monde extérieur mais de moi-même. Lorsque l’âme a de telles idées « claires et distinctes », elle peut être dite « active » et son désir « actif ».
Cela permettra aussi la transformation possible de la Tristesse : sitôt qu’un affect de tristesse est compris adéquatement, c’est-à-dire replacé dans son contexte et saisi par ses causes, il cesse d’être passif et donc d’être. Cf. V, 18 scolie qui s’appuiera justement sur III, 59 : « dans la mesure où nous connaissons les causes de la Tristesse, elle cesse (Prop. 3) d’être une passion, c’est-à-dire (Prop. 59, p. III) cesse d’être une Tristesse ». Cf. aussi V, 3 et son corollaire : « Un affect qui est une passion, cesse d’être une passion, sitôt que nous en formons une idée claire et distincte. »
Prop. 59 : Parmi tous les affects qui se rapportent à l’Esprit en tant qu’il agit, il n’en est point qui ne se rapportent à la Joie ou bien au Désir.
demonstratio par 3, prop 11 | 3, prop 11, sc | 3, prop 1 | 3, prop 58
Complète la proposition 58 : aucun affect de tristesse ne peut être actif.
« Elle est toujours une passion » dira, pour résumé, la démonstration de la prop. 34 du De Servitute.
Pourquoi la Tristesse est-elle nécessairement passive ? Parce qu’elle est par définition contraire à l’élan expansif du conatus, comme la démonstration va le dire.
Pourquoi la Joie peut être passive, bien qu’elle soit par principe conforme à l’élan expansif du conatus ? Parce que tant que l’âme est essentiellement soumise au régime de l’imagination inadéquate, ses Joies sont fugitives, sujettes au retournement, souvent mêlées de tristesse.
Démonstration
Repose sur la définition de la Tristesse (III, 11 et III, 11 sc) comme affect de diminution de la puissance de penser/comprendre de l’âme.
Or, la puissance de penser au sens de comprendre de manière « intelligible » c’est-à-dire adéquate est précisément ce qui constitue la puissance d’agir de l’âme.
Scolie
En un sens, scolie de tout le De Affectibus.
Commence par nommer les affects « actifs » qui viennent d’être déduits (ceux-ci ne seront cependant pas repris dans les définitions de la fin du De Affectibus, mais apparaîtront en IV, 73 sc et en V, 41)) :
La « puissance intérieure » (Macherey) ou « force d’âme » (fortitudine), divisée en « force de caractère » (Macherey) ou « fermeté » (animositas) et « générosité » (generositas) : constitue l’ensemble des actions qui suivent des affects « actifs », au sens défini plus haut, c’est-à-dire les Joies et Désirs issus de la connaissance adéquate, telle que les permet la « dictée de la raison ».
Fermeté : désir/effort pour soi-même (pour « l’utilité de l’agent ») sous la dictée de la raison ; le conatus en tant qu’il met la raison au poste de commandement (Moreau)
Générosité : désir/effort en direction des autres hommes (pour « l’utilité d’autrui ») sous la dictée de la raison.
Dérivés/espèces de la fermeté : « tempérance » (Macherey, Appuhn) ou « frugalité » (temperantia), sobriété, présence d’esprit.
Dérivés/espèces de la générosité : modestie, clémence, etc.
Conclusion générale de la partie 3 : les principaux affects – « primitifs » et principaux dérivés -, les phénomènes de fluctuatio animi entre eux. Cette fluctuatio est la réplique dans l’âme des « causes extérieures [qui] nous agitent de bien des manières », plongés dans une grande incertitude.
Spinoza justifie le fait de ne pas avoir énuméré tous les affects : c’est impossible étant donné les possibilités de combinaison et de diversification/singularisation de chacun d’eux. Et ce ne serait pas « utile » pour le but éthique qu’a fixé la préface du De Affectibus (pas besoin d’une psychologie descriptive complète sauf par pure curiosité).
Une avant-dernière remarque, cependant : passage du désir au dégoût. Dégage deux nouvelles figures de l’affectivité (fastidium et taedium), relevant manifestement de la lignée tristesse.
Une dernière remarque : les affections corporelles qui accompagnent certains affects n’ont pas d’importance ici.
Jusque là, en effet psychologie sans signes extérieurs (au contraire d’un Descartes par ex.); Spinoza légitime ici la non prise en compte de cette « signalétique » corporelle des passions (Moreau).
Raison : ils se rapportent au corps uniquement (sic!) Comment est-ce possible étant donné II, 7 ?
Il y a un corollaire dans l’âme, mais celui-ci n’est pas autre chose que l’affect; ces événements corporels n’ont pas de signification particulière; manifestations extérieure automatique; ce qui a relation avec l’âme, c’est l’événement corporel qui les produit et non eux-mêmes.
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