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Notes complémentaires sur les modes infinis

Textes de référence :

–       Ethique, I, prop. 21 à 23

–       Ethique, II, prop. 3 à 7

–       Ethique, II, après la prop. 13, théorie physique

–       Lettre 64 à Schuller

–       Court traité, I, chap.. VIII et IX

Un attribut – un genre d’être, une qualité prise absolument – ne produit des modes finis ou « choses singulières » qu’en s’affectant lui-même selon quelque(s) « modalité(s) générale(s) » ou « universelle », selon des lois, selon un certain ordre : les modes infinis immédiats sont ainsi ce par quoi un genre d’être s’affecte lui-même infiniment, et de manière réglée, dans la production des modes finis.

Les choses singulières – modes finis – sont/forment une série, produite selon des systèmes de lois, et ces systèmes sont les premières affections de la substance (modes infinis immédiats).

Par ex., les corps singuliers sont les effets finis/déterminés et relatifs de « l’effet » infini et absolu du mouvement et du repos : les corps – et d’abord la totalité ordonnée des corps en tant que totalité ou série infinie, la facies totius universi – sont des effets du/de mouvement, de la mobilité infinie de l’étendue.

Dans la théorie des corps développée après la prop. 13 de la 2e partie, on trouvera la nature entière (matérielle/étendue) décrite comme un grand Individu immuable composé d’une infinité d’Individus eux-mêmes composés à l’infini (scolie du Lemme VII) :

« Et, continuant ainsi à l’Infini, nous concevrons que la Nature entière est un seul Individu dont les parties, c’est-à-dire tous les corps, varient d’une infinité de manières, sans aucun changement de l’Individu total »

Or, l’axiome 1 (et le lemme 1,) qui commande toute la physique spinoziste, institue comme fondement de la distinction des corps singuliers, le couple mouvement-repos :

« Tous les corps se meuvent ou sont au repos. » Axiome 1

« Les corps se distinguent les uns des autres par rapport au mouvement et au repos, à la vitesse et à la lenteur, et non par rapport à la substance. » Lemme 1

Ainsi, le mode infini immédiat qu’est le mouvement est la « loi » universelle de production de l’ensemble des corps singuliers et finis, et explique comment il se fait que les modes finis existent non pas par hasard mais suivant des lois rigoureuses. Les corps sont définis chacun et se distinguent les uns des autres selon une certaine proportion de mouvement et de repos : mouvement et repos sont comme le principe universel des corps (particuliers).

Les modes infinis sont ainsi comme les structures par/suivant lesquelles la substance s’affecte elle-même selon une infinité de modes/manières, pour chaque genre d’être ou attribut.

Dans le Court Traité, Spinoza distingue la « Nature Naturée universelle » et la « Nature Naturée particulière » : Guérout y voit la préfiguration de la distinction modes infinis / modes finis (313).

Cf. https://spinoza.fr/court-traite-i-chap-viii-et-ix-nature-naturante-et-nature-naturee/